Hommage à Léonce, mon grand-père
Il est né en 1889
Il avait 25 ans quand il est parti
pour faire la Grande Guerre comme il disait
Il pensait comme tous ses copains qu'il reviendrait très vite
qu'il serait là pour la naissance de son premier enfant
Il partait la fleur au fusil
Il ne voulait pas tuer
Il ne voulait pas mourir
Il en est revenu indemne lui
sans blessures apparentes
mais avec des blessures cachées
au plus profond de son cœur
et parfois il restait assis sur le banc de pierre
dans la cour de notre maison
les yeux fixés au loin comme si il n’était plus vraiment là
et si je lui demandais
à quoi tu penses Grand père ?
Il me répondait :
« à des choses tristes et pas belles que j’espère
toi et tes enfants vous ne connaitrez jamais »
parce que non seulement il l’a faite
cette putain de guerre
mais il en a vécu une autre
ou beaucoup de bien plus jeunes de chez lui
sont restés le nez dans la poussière
et leurs noms
ont été modestement rajoutés à ceux de leurs
aînés
sur le monuments aux morts
du village
monuments trop souvent hideuxet sinistres
qui rendent hommage
à ceux qui sont morts pour la France
lors de leur participation involontaire
à la
GUERRE
ce mot abominable
inventé pour faire peur
ce mot abominable qui évoque
la violence
la souffrance
la mort
et que je hais de toutes mes forces
et
qui hélas
n’est pas prêt de disparaître de notre vocabulaire